vendredi 20 avril 2012

Le baron perché d'Italo Calvino



Auteur: Italo Calvino

Biographie: Italo Calvino est un écrivain et philosophie italien, né à Cuba le 15 octobre 1923. C'est en 1925 que sa famille est retournée s'installer en Italie. Pendant la seconde guerre mondiale, Italo Calvino s'est engagé dans la Résistance italienne. Il a écrit son premier roman, inspiré de ces années de guerre et de Résistance, en 1947: Il sentiero dei nidi di ragno (Le sentier des nids d'araignées). Il est mort à Sienne, le 19 septembre 1985.

Bibliographie:
  • 1947 : Il sentiero dei nidi di ragno (Le Sentier des nids d'araignées)
  • 1949 : Ultimo viene il corvo  (Le corbeau vient le dernier)
  • 1952 : Il visconte dismezzato (Le vicomte pourfendu)
  • 1956 : Fiabbe italiane (Contes italiens)
  • 1957 : Il barone rampante (Le baron perché)
  • 1959 : Il cavaliere inesistente (Le chevalier inexistant)
  • 1963 : Marcovaldo ovvero le Stagioni in città (Marcovaldo ou les Saisons à la ville)
  • 1963 : La giornata di uno scrutatore (La journée d'un scrutateur)
  • 1964 : Gli Amori difficili (Aventures)
  • 1965 : Le cosmicomiche (Cosmicomics)
  • 1968 : Ti con zero (Temps Zéro)
  • 1972 : Le città invisibili (Les villes invisibles)
  • 1973 : Il castello dei destini incrociati (Le château des destins croisés)
  • 1979 : Se una notte d'inverno un viaggiatore (Si par une nuit d'hiver un voyageur)
  • 1983 : Palomar
  • 1984 : Collezione di sabbia (Collection de sable)
  • 1988 : Lezioni americane. Sei proposte per il prossimo millennio (Leçons américaines)
  • 1988 : Sotto il sole giaguaro (Sous le soleil jaguar)
  • 1990 : La strada di San Giovanni (La route de San Giovanni)
  • 1991 : Perché leggere i classici (Pourquoi lire les classiques)
  • 1994 : Eremita a Parigi (Ermite à Paris)

Titre: Il barone rampante (Le baron perché)

Maison d'édition et date de publication: Editions du Seuil, 1996 (En français); Editions Mondadori (pour l'image de l'édition italienne)

Résumé: (issu de la quatrième de couverture de l'édition française mentionnée)
Monté à douze ans dans les arbres, Côme, baron du Rondeau, décide de ne plus jamais en descendre. Nous sommes en 1770. Des années plus tard, toujours perché, il séduira une marquise fantasque et recevra Napoléon en grande pompe.
Autoportrait, conte philosophique, Le Baron perché est une éblouissante invention littéraire, où Côme circule au milieu des yeuses comme Calvino dans les lignes.

Mon avis: J’ai découvert ce livre à la fin du collège… Ou au début du lycée. De cette première lecture m’était resté le souvenir d’avoir beaucoup aimé et dévoré ce roman (époque bénie où j’avais un livre tout le temps sur moi et où je trouvais des heures et des heures à consacrer à la lecture).
M’étant aperçue que les années étant passées, j’avais en grande partie oublié ce roman, j’ai été prise de l’envie de le relire. Et pourquoi pas en italien ? C’est en tous cas l’idée qui m’a traversé l’esprit. Même si j’estimais et estime toujours que les textes Calvino et précisément ce roman ne sont pas les textes italiens les plus abordables. Et j’ai donc cédé. La lecture en italien m’a pris plus de temps et d’efforts que cela n’aurait été le cas en français, mais de nouveau, du bonheur. Je me suis de nouveau laissée porter par l’histoire de Côme, avec ses rebondissements, au fil des mots d’Italo Calvino.
On considère que ce roman, faisant partie de la trilogie I nostri Antenati (Nos ancêtres), appartient également à la veine fantastique de l’œuvre d’Italo Calvino. Et de fait, de-ci, de-là, des éléments vont à l’encontre du réalisme, ou tiennent de l’improbable. Parfois même, le narrateur en personne, le petit frère de Côme, Blaise, nous avertit : il ne fait que rapporter ce que Côme, aimant à inventer des détails à ses histoires inspirées de la réalité, lui a raconté. Touches de fantastique et beaucoup de fantaisie sont donc au rendez-vous dans cette fiction.
Si Nos ancêtres est effectivement une trilogie, et que Le baron perché en est le deuxième volume, il est tout à fait possible de le comprendre sans avoir lu Le Vicomte pourfendu (qu’il faut que je découvre, ainsi que Le chevalier inexistant).
J’aime cette histoire de Côme grimpant un jour dans un arbre, un yeuse (un chêne donc) et décidant, sur un coup de tête apparemment, d’y rester, de ne plus jamais mettre le pied au sol. Si en soit, cela suffisait et suffit toujours à me charmer, cela n’est – et je pense n’était – pas la seule raison. Ce roman retraçant la vie de Côme de ses 12 ans jusqu’à sa mort, la romance trouve sa place dans le texte. A mes yeux, elle est traitée de manière originale, ce qui ne gâche rien à l’affaire. Autre élément qui a retenu mon attention, et il en a sans doute été de même lorsque j’ai découvert ce texte : il est question de livres ! Et de lectures dans les arbres et de la naissance d’une passion pour la lecture.
L’action se passe au XVIIIème siècle, et de temps en temps, l’Histoire fait son apparition. La révolution française notamment, même si l’action se déroule en Italie, en Ligurie. Il sera également question des guerres napoléoniennes, et plus précisément, si je ne m’abuse, de la campagne d’Italie. De la part de renseignements et d’action que prendra Côme.
Concernant la langue de Calvino, je dirais qu’elle est très précise. Il n’est pas question d’arbres, mais bien de yeuses, de magnolia, d’ormes, etc, en somme, d’espèces bien déterminées. La langue de l’auteur est donc à l’image des arbres évoqués. Si je l’ai entièrement relu en italien, je me suis de temps à autre référée à ma version française de ce conte philosophique pour mieux comprendre le texte original.
En somme, j'avais beaucoup aimé et j'aime toujours autant ce roman.

Place aux mots d'Italo Calvino : (J'aurais bien voulu vous donner des extraits en italien et en français, mais n'ayant que la version française sous la main...)
  • << Côme monta jusqu'à la fourche d'une grosse branche, où il pouvait s'installer commodément, et s'assit là, les jambes pendantes, les mains sous les aisselles, la tête rentrée dans le cou, son tricorne ramené sur le front.
    Notre père se pencha par la fenêtre:
    - Quand tu seras fatigué de rester là, tu changeras d'idée! cria-t-il.
    - Je ne changerai jamais d'idée, répondit mon frère, du haut de sa branche.
    - Je te ferai voir, moi, quand tu descendras!
    - Oui mais moi, je ne descendrai pas. >>
  • << C'était tout le jardin qui embaumait; Côme ne parvenait pas encore à parcourir des yeux ce désordre touffu, mais son odorat l'explorait; il s'efforçait de discerner les arômes variés, qu'il connaissait pour les avoir déjà sentis, apportés sur les ailes du vent jusqu'à notre jardin, tout chargés du secret de la villa voisine. Il regarda ensuite les frondaisons et vit des feuilles nouvelles, certaines grandes et lustrées comme par un voile d'eau, d'autre minuscules et pennées; et les troncs lisses ou écailleux. Il régnait là un grand silence. De minuscules roitelets s'envolèrent en criaillant. Et l'on entendit une petite voix qui chantait: Oh là là là! La ba-lan-çoi-re! >>
  • << A fréquenter ce brigand, Côme avait pris pour la lecture et pour l'étude une passion démesurée, qui devait lui rester sa vie durant. Désormais, on le rencontrait le plus souvent un livre ouvert à la main, à cheval sur une branche confortable, ou bien penché sur une fourche comme sur une table d'écolier, ses feuillets parsemant une planchette, son encrier enfoncé dans une cavité du tronc, sa longue plume d'oie en action.
    C'était lui, à présent, qui partait à la recherche de l'Abbé et qui réclamait des leçons. Il voulait se faire expliquer Tacite, Ovide, les corps célestes, et la chimie >>

Et vous? L'avez-vous lu? Qu'en avez-vous pensé?

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